PremièreS
RadicalitéS
1789-1792
« En soi, la Révolution est radicalité, rupture nécessairement violente, pensée et vécue comme telle. » Dans cette idée de radicalité développée par l'historien spécialiste de la révolution française directeur de l’Institut d'histoire de la Révolution française et professeur à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne Pierre Serna se dégage une rupture violente par rapport à un état passé, marquée par une série d’évènements inattendus qui surgissent de façon presque irrationnelle. C’est ce moment de rupture qui parait fondamental et qui mérite d’être vraiment étudié en détails.
Dès le printemps 1789 le hors norme, l’exagération se dégagent. La libération de la parole débutée dès 1788 révèle l’ampleur des transformations en cours et s’offre comme un témoin de cette radicalité de la pensée d’une ampleur extraordinaire. Les documents, que ce soit les gravures, les imprimés, journaux et caricatures décrivent le bouleversement du réel tout en tentant de le commenter et de l’analyser. Les actes, écrits et documents iconographiques se mêlent pour expérimenter cette radicalité dans l’instantanéité des faits. Les premières dynamiques du phénomène doivent être analysées, s’exprimant particulièrement dans les années 1789 à 1792, période cruciale d’émergence du bouleversement et passage d’un état social à un autre.
L’année 1792 marque l’émergence d'une nouvelle dynamique révolutionnaire et l’aboutissement de la radicalité qui s’était construite au fil des années à la suite de transformations culturelles, d’évolution des sensibilités et des mentalités. La journée du 10 Aout 1792 met fin de cette première évolution des radicalités par la prise du palais des Tuileries qui marque la fin du pouvoir du souverain. C'est une journée où l'Assemblée est dépassée par les évènements, les sections et mouvements populaires tels que les sans-culottes prenant l'initiative en devenant des acteurs majeurs dans une nouvelle période d'une France menacée de l'intérieur et de l'extérieur.
Cette étude se fera ainsi à travers des illustrations de cette période allant de Janvier 1789 à Aout 1792, représentant l’imaginaire culturel et la pensée politique des différents acteurs de la dynamique révolutionnaire. Cet imaginaire politique et culturel est hérité de la culture politique de la presse traditionnelle et des écrits pamphlétaires du XVIIIème mais présente une originalité comme marqueur d'une forme inédite de radicalité. Cette radicalité par l'image nous permet de suivre les débats qui remettent en cause la société dite de l' "Ancien Régime" et de mieux comprendre ainsi le dynamisme révolutionnaire de cette première période.
Ces gravures diffusées largement au public dans l'espace public par des imprimés et feuilles volantes, sont de natures diverses. Certaines visent un but caricatural, virulentes par le message dénonciateur d'un évènement ou d'une figure politique. D'autres ont un but informatif, décrivant un évènement, une émotion populaire ou illustrant un article. Enfin on trouve des types de documents diffusés à des groupes plus restreints présentant un contenu plus institutionnel tels que des symboles et allégories.
La majorité de notre étude se fera à partir de gravures publiées à Paris, centre de la dynamique révolutionnaires. Ces gravures témoignent entre autre de la représentation des évènements en province et à l'étranger. Ces illustrations sont ,avec les informations données par le pouvoir et les colporteurs ou la famille, les seules informations que les parisiens reçoivent sur l'actualité du pays. Ainsi les représentations de ces évènements "étrangers" ont des effets sur la politique parisienne et l'émotion populaire. Les images ont le rôle d'informer mais aussi de critiquer violemment. Elles ont un pouvoir émotif, un impact persuasif, et un rôle d' identification en sachant que la communicaton par l'image représente un outil puissant proposant un langage symbolique que chaque lecteur interprète en lui donnant du sens. Ces éléments s'inscrivent à la fois dans la dynamique de l'image et dans celle de la radicalité.
En quoi l'étude des gravures et illustrations nous permet de mieuxcomprendre le dynamisme de radicalité à travers la représentation des temps révolutionnaires? En quoi la radicalité des images permet de passer des idées à l'action ?